Introduction : Cap sur le Finistère Nord, entre terre et mer

Quiconque a déjà longé la côte nord du Finistère en van a ressenti son contraste rare : bocages, maisons de granit, ports de poche et air salin. Entre Morlaix la secrète et Roscoff la corsaire, la route traverse une Bretagne bien à elle, faite de chapelles cachées, d’églises aux enclos paroissiaux et de ruelles où l’odeur du goémon se mêle à celle de la crêpe au beurre. Le prendre en van, c’est profiter d’un mélange de liberté et de traditions. Les villages qui jalonnent cette portion offrent plus que des haltes : ils sont la Bretagne à taille humaine. Voici une sélection concrète, ponctuée de suggestions pratiques pour profiter au maximum du voyage, sans tomber dans le parcours tout tracé des guides touristiques.

Morlaix : Origine du parcours et ville d’art et d’histoire

Morlaix est un bon point de départ. Cette cité médiévale a un caractère particulier, marqué par son viaduc monumental qui la domine depuis 1864 (Source : Ville de Morlaix). Le charme de la ville s'apprécie aussi à pied, dans les venelles étroites bordées de maisons à pans de bois.

  • Marché du samedi matin : idéal pour garnir le frigo du van : légumes locaux, poisson, et impossible de faire l’impasse sur le kouign-amann produit ici même.
  • Moulin du Poan-Ben : à 4 km du centre, ce moulin rare accueille encore le public le dimanche après-midi.
  • Stationnement camper-van : Parking de la Place des Otages (avec services), ou aire de camping-car de Sainte-Sève toute proche.

Le vieux port, réaménagé, offre de quoi se poser pour un pique-nique avec vue sur les bateaux, avant de redémarrer vers la côte.

St-Thégonnec et les enclos paroissiaux : la Bretagne sacrée

À 12 km de Morlaix, Saint-Thégonnec est célèbre pour son enclos paroissial, chef-d’œuvre du patrimoine religieux breton. Construit aux XVIe et XVIIe siècles, il rassemble en un seul lieu une église, un ossuaire, un calvaire sculpté et une porte triomphale. Les enclos de la région sont dus à la prospérité liée au chanvre et au lin, qui ont enrichi la région jusqu’au XIXe siècle (Tourisme Bretagne).

  • Astuce van : Large parking derrière l’église, possibilité d’y dormir hors saison.
  • À voir en chemin : Guimiliau (8 km plus au sud) et son enclos voisin, tout aussi impressionnant, réputé pour la précision de ses sculptures murales.

Côté paysage, la route serpente entre bocages, prairies et petites chapelles à l’écart. Pour qui aime photographier ou dessiner, la lumière change vite sous les nuages.

Kernitron et Locquénolé : escales maritimes confidentielles

Après la vallée et les enclos, place à la côte. Longez la rivière de Morlaix à l’ouest jusqu’à Locquénolé, micro-village perché sur la colline. A peine 650 habitants, une église remarquable dont le clocher date du XIe siècle, et des venelles qui se terminent souvent face à la mer.

  • Point de vue : Le belvédère du village dévoile toute la baie de Morlaix et le château du Taureau au loin.
  • Halte gourmande : “L’Atelier de la Mer”, petit bistrot en bord de route, propose poissons débarqués le matin même à Roscoff.
  • Stationnement : Ruelle de la Jument-Noire: un « spot tolerate » discret hors saison, bien pour une nuit.

Kernitron, juste en aval, garde son charme de hameau modeste ; la chapelle de Notre-Dame-de-Kernitron, classée du XVe siècle, est une curiosité du patrimoine local.

Carantec : presqu’île entre vasières et plages familiales

Un peu plus à l’ouest, Carantec s’avance dans la baie de Morlaix comme une épaule de granit. Très vivante l’été (près de 3 000 résidents saisonniers contre moins de 3 200 l’année), elle reste dynamique toute l’année. Elle est connue pour ses huîtres (près de 10 000 tonnes produites par an par les ostréiculteurs de la baie, Source : ostrëiculteurs-carantec.fr), ses criques abritées et l’île Callot, accessible à pied ou en van à marée basse (voir horaires de marées sur place : on ne compte plus les camping-cars bloqués…).

  • Île Callot : Route submersible, prudence absolue. Pour une expérience vraiment locale, stationner de l’autre côté, traverser à pied et revenir quand la marée monte.
  • Marché du jeudi matin : Poisson frais, artichauts de Saint-Pol-de-Léon et fromages fermiers.
  • À faire : Sentier côtier balisé, tour du “Kélenn” et panorama sur Château du Taureau.

Stationnement conseillé : parking principal de la plage du Kélenn, avec toilettes d’avril à septembre.

Taulé : halte champêtre avant la côte léonarde

À quelques kilomètres à l’intérieur des terres, Taulé reste loin du tumulte, avec ses hameaux, ses anciennes demeures de granit et une campagne ouverte. L’église Saint-Pierre (XVIe siècle) en impose par sa flèche dentelée de 64 mètres, l’une des plus hautes du Finistère (patrimoine.bzh).

  • Marché du dimanche matin : Petits producteurs locaux, idéal pour refaire son stock de pain noir et de rillettes d’andouille.
  • Route secondaire D769 : Elle traverse pommiers et champs de sarrasin, à privilégier pour éviter la D58 souvent encombrée en été.

Possibilité de s’arrêter à la chapelle Saint-Sauveur, isolée dans les champs, parfaite pause café pour les amateurs de lieux silencieux.

Saint-Pol-de-Léon : cathédrale, artichauts et vue sur l’île de Batz

Saint-Pol-de-Léon est à la fois minuscule en population (6 300 habitants) mais immense par son patrimoine, avec sa Cathédrale Saint-Paul-Aurélien, la plus ancienne du Léon. Son marché du mardi matin est réputé comme le plus animé du secteur (Source : finisteretourisme.com).

  • Incontournable : Le Kreisker, clocher le plus haut de Bretagne (78 mètres). On y grimpe l’été pour une vue à couper le souffle sur l’île de Batz et la baie.
  • Producteurs locaux : Saint-Pol est la “capitale de l’artichaut” : près du tiers de la production française provient de la région (plus de 50 000 tonnes par an / Source : Chambre d’agriculture Bretagne).
  • Aire camping-car : Route du Kreisker, à proximité du centre.

La promenade entre la cathédrale et le vieux port, en suivant la “route des primeurs”, offre de beaux points sur les cultures maraîchères évoquant une mosaïque verte sous le ciel breton.

Sibiril et Moguériec : le Léon des pêcheurs

A quelques kilomètres à l’est de Roscoff, Sibiril et le minuscule port de Moguériec offrent une pause authentique, tournée vers la mer d’Iroise et la pêche. À Moguériec, à peine 200 habitants, la flotte locale vit surtout du coquillage (palourdes, coques, moules, coquilles Saint-Jacques dès octobre).

  • Café du Port : Le dernier bistrot, “Chez Tonton”, propose bière bretonne, assiettes de bigorneaux, et une ambiance inimitable après la marée du matin.
  • Fest-noz : L’été, certains soirs, place du port. Prévoir boules Quies pour le sommeil en van.
  • Plages : Plage des Amiets, longue anse de sable clair, abritée même par vent d’ouest.

Stationner sur l’aire dédiée à la sortie du village. Légère pente, prévoir cales.

Roscoff : Fin d’itinéraire entre corsaires et jardins sublimes

Roscoff, la “petite cité de caractère”, compte moins de 4 000 habitants mais offre à la fois un port en eaux profondes, une architecture néo-Renaissance et une somptueuse lumière de fin de journée sur le vieux môle. Le port a longtemps assuré le transit de l’oignon rose vers l’Angleterre par les “Johnnies”, marins-vendeurs de ce même oignon qui a fait la fortune locale (on en exportait jusqu’à 9 000 tonnes par an au XIX siècle, Source : oignon-de-roscoff.fr).

  • Incontournables :
    • Jardin exotique de Roscoff : abrite plus de 3 000 espèces de plantes subtropicales grâce au microclimat local.
    • Vieille ville : ruelles piétonnes, restaurants de crêpes au beurre salé, boutiques d’algues alimentaires.
    • Promenade jusqu’au phare, panorama sur l’île de Batz.
  • Aire de service : Avenue Georges-Lombard, bien équipée, à 10 min à pied du port.

Possibilité d’embarquer pour l’île de Batz (15 min de traversée, véhicules non autorisés : le van reste sur le continent). Prévoir de s’approvisionner avant, l’offre à Batz reste modeste.

Conseils pratiques : préparer son itinéraire en toute autonomie

  • Haltes hors saison : L’automne et le printemps offrent davantage de liberté pour stationner, les parkings sont rarement complets et la météo reste clémente, surtout en mai-juin.
  • Ravitaillement : Privilégier les marchés locaux, pour soutenir la production régionale et découvrir fruits de mer, légumes anciens et pain noir de sarrasin.
  • Respect des lieux : Éviter la manipulation d’eau grise dans la nature, les aires équipées sont nombreuses ; ramasser systématiquement ses déchets.
  • Se repérer : Cartes IGN Top 100 (n°51 et n°62), bien plus précises que les GPS grand public pour les petits chemins bretons.
  • Spot secret : Derrière la chapelle Sainte-Barbe (entre Roscoff et Santec), micro-parking autorisé en hors saison pour admirer le coucher de soleil sur l'Aber.

Pistes pour aller plus loin : explorer hors des sentiers battus

  • Pont de la Corde, Morlaix : Vieux pont suspendu au-dessus de la rivière, parfait pour un bivouac discret et une mise à l’eau du kayak.
  • Vallée du Dossen : Plan d’eau calme entre Santec et Cléder, réputé pour les sports nautiques et les marchés nocturnes en juillet-août.
  • Boulogne à vélo : Prendre les vélos à bord du van ouvre la possibilité des voies vertes (notamment Morlaix <–> Roscoff sur 33 km balisés).

Du viaduc de Morlaix aux sentiers de Roscoff, la diversité des haltes n’a d’égale que la variété des paysages et des rencontres. C'est un itinéraire à façonner selon la saison, la météo… et l’inspiration du moment. Alors, prêt à quitter la route principale ?

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